L’entreprise s’imposait et Jean-François Chassay la mène à bon port. Nous en savons si peu sur la littérature américaine récente que nous la réduisons à Stephen King et à quelques autres industriels. Nous nous privons ainsi d’immenses et stimulants auteurs dont Jean-François Chassay décode et déploie avec clarté les contributions, les ressemblances, les complémentarités : Updike, Roth, Stein, Nabokov…
Original, rigoureux, probant, le travail de Jean-François Chassay rattache sa brochette d’auteurs à deux axes majeurs de l’aventure américaine : la machine et l’histoire. Certes, on conçoit les États-Unis comme le lieu du progrès technique, mais, paradoxalement, on ne voit pas ce que la littérature tire du rail, du télégraphe, du téléphone, de tout ce qui fonde la communication. Cette myopie trouve ici son guérisseur. Quant à l’histoire étatsunienne, elle aussi négligée, elle pèse sur les dédoublements littéraires, ceux de Philip Roth par exemple, et sur les doutes qui broient les subjectivités. Elle suscite l’assaut contre une frontière qui n’est plus territoriale.
Jean-François Chassay salue honnêtement son équipe de collaborateurs. C’est pourtant à lui seul qu’on doit l’unité d’une exploration qui sait vagabonder sans jamais se perdre.