Un ouvrage fort intéressant que celui de cette professeure de français de l’Université de Caroline du Sud. Également très pertinent puisqu’à la croisée de deux littératures négligées par la recherche et par le fait même dévalorisées : la littérature jeunesse et la littérature féminine.
Quelles sont les représentations de la féminité que les auteures proposent aux jeunes lectrices qui sont des femmes en devenir ? Cette question est posée dans une double perspective. Celle de l’aspect commercial du livre, qui fait intervenir la soumission des représentations sociales aux règles de la commercialisation, puis celle du contenu, qui véhicule des valeurs ainsi qu’une idéologie de la féminité. Il est d’ailleurs intéressant que l’auteure compare ces deux dimensions au Québec et en France.
La conclusion frappante de ce travail, c’est que la littérature pour adolescentes constitue à elle seule un champ d’investigation. Conclusion fondée sur une étude approfondie d’un corpus de 60 romans. Et Daniela Di Cecco n’ouvre pas qu’une brèche ; elle démontre que les travaux de recherche en littérature ont reposé jusqu’ici sur un modèle d’analyse masculin, donc non universel. En conséquence, les théories doivent être remises en question et révisées. De plus, l’ouvrage révèle que par l’écriture de romans destinés aux adolescentes, les auteures tentent une communication entre elles et la génération qui leur succède. Cependant, ce sont les impératifs du marché qui orientent les choix des éditeurs publiant pour le public cible que constitue le lectorat féminin.
Un ouvrage de référence en littérature jeunesse et féminine, inspiré par d’autres auteurs et dont la documentation renvoie aux théories littéraires et féministes.