« Elle fit un peu de ménage pour changer et reprit son livre. Il n’est pas de chagrin qu’un livre ne puisse consoler, disait Montaigne et Montaigne avait toujours raison. » Et Anna Gavalda a bien fait de nous le rappeler ! D’ailleurs, son deuxième roman, tout comme celui qui l’a précédé et comme ses nouvelles, nous en donne la preuve. Que l’on ait une peine à consoler, un vague à l’âme à dissiper ou que l’on désire simplement échapper à l’ennui, Ensemble, c’est tout est la solution tout indiquée et plus encore : c’est un pur plaisir qu’on s’offre, bien calé dans un fauteuil moelleux en hiver ou les fesses endolories sur un transat en polyvinyle en été. Anna Gavalda, ce n’est pas de la « grande littérature », c’est d’abord un regard lucide, sans compromis, qu’exprime une écriture d’une simplicité désarmante et, faut-il encore préciser, un humour fin et efficace qui fait davantage sourire que rire.
Camille, Philibert, Frank et sa mémé Paulette se rencontrent. Des destins qui ne devaient pas se croiser, quatre personnages malmenés par la vie et qui, par un heureux hasard, se retrouvent sous un même toit. Pour le meilleur et pour le pire. C’est une belle histoire que nous raconte l’auteure, une histoire comme on en vit tous, entre le boulot et le dodo : une grand-mère qui se casse le col du fémur et qui languit dans une maison de retraite, un cuisinier de talent qui s’échine devant ses chaudrons, un fils de bonne famille relégué au rang de « curiosité » par les siens et une artiste anorexique qui craint le bonheur. Je n’en dis pas plus. C’est une histoire que je ne vous résumerai pas car j’affadirais inévitablement ce que l’auteure a finement ciselé dans un tissu de mots : l’amour, l’amitié, la vieillesse, la marginalité Le plaisir qu’on a pris à lire Je l’aimaiset Je voudrais que quelqu’un m’attende quelque part se renouvelle dans ce pavé de 600 pages où l’on retrouve la même verve dans la prose et la sensibilité affûtée d’Anna Gavalda.