Emma Lajeunesse, alias Emma Albani, naît à Chambly en 1847, de parents musiciens. Elle connaît à la fin du XIXe siècle une carrière musicale d’envergure internationale, interprétant des opéras de Verdi, de Bellini et de Donizetti. Elle fait ses véritables débuts en 1869, en Sicile, où son professeur de chant lui demande de changer son nom en Albani, qui lui semble mieux convenir à une bel cantiste. Emma Albani se produit très jeune en Italie, en Belgique, en Angleterre, pays où elle s’établit et se marie. Son succès est presque unanime, sauf en France, où la critique lui reproche sa maigreur, qui ne l’empêche pourtant pas d’atteindre des notes suraiguës comme le contre-ut. Au cours d’un récital donné en Russie, elle est bissée quarante fois par un public en délire ! Emma Albani effectue aussi neuf tournées au Canada, entre 1883 et 1906, et Louis Fréchette lui consacre un long poème admiratif que Pierre Vachon cite intégralement. Les Canadiens français l’idôlatrent, bien qu’elle n’ait vécu que sa petite enfance au Québec. Lors de son ultime visite dans quelques villes québécoises, en 1925, alors qu’elle est affaiblie et presque ruinée, Emma Albani donne ses derniers récitals-bénéfices devant un public enthousiaste, avant de rentrer en Angleterre où elle meurt en 1930.
Seuls neuf titres enregistrés par Emma Albani entre 1904 et 1907 subsistent. Plusieurs biographies lui ont été consacrées ; durant sa retraite, la cantatrice avait rédigé en anglais son autobiographie (publiée en français en 1972 aux Éditions du Jour).
L’ouvrage de Pierre Vachon nous offre une présentation succincte, généreusement illustrée, de la vie de cette célèbre chanteuse. La collection « Célébrités » des éditions Lidec compte une centaine de monographies et de courtes biographies qui présentent les plus illustres Québécois de l’histoire ; nous y découvrons des personnages marquants (Laurier, Taschereau, Van Horne, Papineau, etc.), qui sont beaucoup plus que de simples toponymes.