Plusieurs métamorphoses ont eu lieu dans la poésie de Normand de Bellefeuille depuis quelques années, alors que ses passions mallarméennes se sont davantage rapprochées de l’humain qu’autrefois les froides mécaniques jongleuses de la « textualité ». Avec Elle était belle comme une idée, l’auteur fait en quelque sorte la synthèse de ce long passage entre la cérébralité et le lyrisme, avec un bel équilibre entre le souci formel et la considération de l’existence. Dans une alternance assez réussie entre des poèmes en vers et des lettres en prose adressées à des femmes non identifiées, Normand de Bellefeuille traite du cœur et de la mort, notamment celle de son ami Sylvain Lelièvre, mais sans sombrer dans la simple représentation. Autobiographique, cette écriture n’en demeure pas moins consciente de son statut de variation mineure dans la vieille histoire du vivant. Car autant l’individu contemporain que la parole se projettent et se terminent dans le domaine de l’après, mot par lequel commencent une bonne partie de ces assemblages rythmiques évoquant les marées sinon les flux et reflux de la conscience : « [A]près, il faudra / les en convaincre : / même quand ce n’est pas la mer / on peut entendre la mer / quand ce n’est pas la nuit / en craindre la hauteur ». Après sa vie, après sa voix, nous en sommes toujours déjà là, semble nous dire le poète. À mille lieues du surréalisme et des richesses oniriques, cette extension du domaine de la modernité a quelque chose de classique, alors que la limpidité du propos accompagne une syntaxe exigeante ; « chant qui s’élève dans le désordre », Elle était belle comme une idée règle à sa manière le différend entre l’obsession formelle et la lisibilité.
ELLE ÉTAIT BELLE COMME UNE IDÉE
- Québec Amérique,
- 2003,
- Montréal
112 pages
16,95 $
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