Comme son maître à penser, Noam Chomsky, Normand Baillargeon aime communiquer, vulgariser, informer et dénoncer. C’est d’ailleurs ce qu’il fait, quand il n’enseigne pas les fondements de l’éducation à l’Université du Québec à Montréal. Les textes publiés dans Écrits dans la marge ont tous paru, sauf un, dans diverses publications dites alternatives, sur papier ou dans Internet, entre 1999 et 2006.
Normand Baillargeon se démarque considérablement dans le ciel, plutôt uniforme, des commentateurs sociopolitiques au Québec. Ouvertement anarchiste (voir Anarchisme publié à L’île de la tortue en 1999), il ne fait de cadeau à personne. Même si la droite et les grandes corporations y goûtent un peu plus souvent, la gauche, les syndicats, les militants altermondialistes, etc., ont, eux aussi, droit à la critique, acerbe mais constructive, de l’auteur dont le combat s’inscrit sous la « double bannière du rationalisme et du socialisme libertaire » (quatrième de couverture). Anarchisme, socialisme libertaire Normand Baillargeon n’a pas peur des mots !
L’auteur du Petit cours d’autodéfense intellectuelle, paru chez Lux éditeur en 2005, nous amène à nous poser beaucoup de questions. Comment expliquer, par exemple, que des empires comme Quebecor ou Rogers Communications reçoivent des millions de dollars en subventions de Patrimoine canadien ? Plus de 10 millions pour Rogers ! Par ailleurs, la concentration des médias et l’approche de la réalité qui se dégage du point de vue de quelques-uns ne sont pas moins scandaleuses que cette utilisation abusive des fonds publics. Ces quelques entreprises, propriétaires de la quasi-totalité de la presse écrite (quotidiens, magazines, maisons d’édition ), agissent, par leur choix éditorial, sur ce que nous percevons comme digne de mention. Ainsi, aucun journaliste francophone d’ici n’ira couvrir la Conférence de Kyoto, mais une « flopée de journalistes, de chroniqueurs, de papoteux » nous raconteront, avec moult détails, les Jeux olympiques qui se déroulent, eux aussi, au Japon. La conférence sur l’environnement sera mentionnée 199 fois dans la presse écrite contre 2126 en faveur des JO. En somme, « ce qui y est ne doit pas y être ; ce qui doit y être n’y est pas ».