Peut-on « apprendre » le métier d’humoriste ou est-il inné ?
Alors qu’il existe aux États-Unis quelques manuels d’humour n’ayant jamais été traduits, Sylvie Ouellette et Christiane Vien peuvent se targuer d’avoir rédigé le tout premier guide de l’humour en langue française, à un moment où l’industrie du rire semble tombée bien bas, ici comme ailleurs. Nous sommes très loin de la grande époque des Yvon Deschamps, Sol, Jean-Guy Moreau, Claude Landré, ou du légendaire trio Paul et Paul (!), qui faisait hurler de rire ses auditoires. Autrefois, faire sourire devenait aussi noble que de dérider son auditoire. De nos jours, l’humour est omniprésent alors que trop de gens veulent nous faire rire; mais en fait, très peu d’artistes sont véritablement drôles.
Écrire l’humour, c’est pas des farces n’est ni un recueil de blagues ni un cours d’improvisation, mais un guide sans égal sur l’art de faire rire qui considère autant les aspects scénaristiques et créatifs liés à l’écriture que la dimension pécuniaire (le rôle du gérant, les cachets). Cet ouvrage aussi rigoureux que possible prodigue conseils, exercices et mises en garde sur les facettes de cette vaste profession (qui comprend scripteurs, idéateurs, gagmen et autres travailleurs indispensables en coulisses), sur l’importance de bien roder son numéro (un début accrocheur, une finale percutante) ; mais on suggère aussi de « prévoir un plan B » si jamais le public ne voulait rien comprendre à votre style… L’humour est culturel et se transpose difficilement dans d’autres contextes, comme le prouvent les films de Jacques Tati, de Fernandel ou encore de Louis de Funès. Sur scène, un artiste ne peut pas reprocher à son auditoire de ne pas l’avoir compris ; le public a toujours le dernier mot, même s’il a tort. Le futur humoriste doit en outre prendre conscience de son image (persona), de l’impression qu’il laisse en public et des manières de s’adapter à cette réalité imprévisible et inchangeable. Et surtout, il faut savoir où s’arrêter, car il existe des limites à ne pas dépasser lorsque certains gags ne sont plus drôles, ou font rire jaune… Néanmoins, on incite les humoristes en herbe à prévoir un répertoire sur mesure pour différents publics et même pour l’auditoire si particulier des bars et des boîtes de nuit, question de pouvoir faire réagir le philistin le plus prosaïque ou encore dérider le « pilier de bar » en état d’ébriété avancée.
Ouvrage sans équivalent au Québec et dans la francophonie, Écrire l’humour, c’est pas des farces conviendra aux personnes qui envisageraient ce métier exigeant et parfois ingrat, car beaucoup d’authentiques comiques sont condamnés à servir de faire-valoir en tant que scénaristes ou gagmen pour des animateurs qui s’avèrent sans grand talent et totalement dénués d’humour.
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