Depuis qu’il a dû renoncer, faute de preuves, à élucider la disparition de Marie Gesto survenue en 1993, l’inspecteur Hyéronimus Bosch n’a de cesse de rouvrir périodiquement le dossier de l’enquête pour tenter d’y découvrir des indices qui lui auraient échappé jusque-là. Or voici que 13 ans plus tard, on lui amène le coupable sur un plateau d’argent. Un homme arrêté pour avoir tué et démembré deux femmes propose en effet de mener les policiers au cadavre de Marie Gesto en échange de quoi le ministère public s’engage à ne pas requérir la peine de mort contre lui. Mais Bosch se méfie de ce marché d’autant que, en plus de laisser la vie sauve à un meurtrier en série, il sert les desseins électoraux d’un procureur dont il apprécie modérément les méthodes.
Qui est ce Raynard Waits qui prétend être l’auteur du meurtre de Marie Gesto et dont le nom n’est jamais apparu lors de l’enquête ? Pourquoi son modus operandi dans l’affaire Gesto diffère-t-il de sa manière de faire dans les autres crimes ? Plus méfiant que jamais, Bosch mène une double enquête. L’officielle, bien sûr, dans laquelle il doit se soumettre aux décisions d’une équipe dont il n’est qu’un rouage. En parallèle toutefois, aidé par l’agent Rachel Walling du FBI, dont il s’est épris dans une précédente enquête (voir Les égouts de Los Angeles),il mène une traque personnelle qui le conduira sur la piste d’un ennemi planqué à l’intérieur même des services policiers.
Avec la minutie qu’on lui connaît, Michael Connelly construit dans Echo Park une intrigue qui repose à la fois sur la psychopathie criminelle, les magouilles politiques et la corruption policière. Dans un style précis, concis et clair (qui doit beaucoup à son ancienne profession de journaliste), Connelly tient le lecteur en haleine dès les premières pages et ne le lâche qu’à la dernière. Au final, pas de deus ex machina pour résoudre les questions que se pose le lecteur, plutôt la conclusion d’un « petit » arrangement avec la vérité qui a mal tourné. Loin de constituer une faiblesse comme certains critiques l’ont suggéré, cette finale doit être portée au talent d’un écrivain qui sait tirer parti de « simples » faiblesses de la nature humaine pour résoudre de façon tout à fait crédible des énigmes apparemment insolubles.