La planète des sables Arrakis, les vers géants, les mystérieux pouvoirs de l’Épice : ces motifs ont tellement intégré la culture populaire qu’on n’exagère pas en tenant ce roman de 1965 pour l’une des grandes œuvres phares des littératures de l’imaginaire, au même titre que Fondation d’Asimov ou Le seigneur des anneaux de Tolkien. Sans elle, Star Wars n’aurait peut-être jamais vu le jour.
Malgré les efforts de Brian Herbert, fils de Frank, et de son acolyte Kevin J. Anderson pour faire vivre la franchise et prolonger son histoire depuis 2000, la saga Dune tient d’abord et avant tout aux six romans (deux triptyques) écrits par le père entre 1965 et 1985, plus particulièrement le volet initial et sa suite, Le Messie de Dune (1969), que Gérard Klein, directeur de la collection « Ailleurs et demain », avait d’abord publiés en un seul volume.
Cette nouvelle édition réalisée pour le cinquantenaire de la première parution de Dune en France propose, en plus d’une traduction revue et corrigée, trois documents passionnants : des préfaces de Denis Villeneuve et de Pierre Bordage, ainsi qu’une postface de Gérard Klein. Le cinéaste québécois, réalisateur d’une nouvelle adaptation très bien accueillie, explique pourquoi l’œuvre de Herbert lui paraît toujours d’actualité. Bordage, dans une touchante lettre fictive, explique au romancier disparu en 1986 l’impact qu’a eu Dune sur sa vie. Et enfin Klein, parmi de nombreuses amitiés (notamment avec Alejandro Jodorowsky, qui parvint presque à réaliser une ambitieuse et spectaculaire adaptation de Dune en 1975), fut l’ami de Herbert et raconte, en postface, quelques souvenirs à son sujet.
Ce péritexte s’adresse surtout à celles et ceux qui connaissent déjà Dune. Ce que les nouveaux lecteurs auront à se mettre sous la dent, c’est, dans une élégante édition cartonnée, plus de 600 pages d’un complexe roman-culte racontant, dans une société féodale du lointain futur, le destin du jeune Paul Atréides, appelé à devenir un guide et un chef aux côtés d’alliés improbables, les Fremen, habitants de la planète désertique Arrakis. La complexité de Dune tient à ses dimensions politique, écologique, religieuse et psychologique, ainsi qu’à l’importance accordée au moindre personnage secondaire. « Le chef-d’œuvre absolu », dixit Klein.