Autant dans ses romans et nouvelles que dans ses récits, Gilles Archambault a habitué ses lecteurs à des œuvres intimistes où il adopte le ton de la confidence. On sent, dans ses ouvrages de fiction, beaucoup d’éléments autobiographiques, de nombreuses références à sa vie et à ses réflexions quotidiennes. À chaque occasion, son protagoniste n’est jamais loin du véritable Gilles Archambault. Et cette fois-ci, bien que Doux dément soit présenté comme un roman, on ressent plus que jamais la présence de l’écrivain derrière la voix du narrateur. D’ailleurs, l’un et l’autre portent le même nom et sont du même âge. En fait, on a l’impression d’être devant un récit qui n’ose pas dire son nom. Est-ce une question de réserve, de pudeur ? Peut-être. Après tout, tout au long de son ouvrage, le narrateur nous apprend qu’il n’ose pas se confier à son entourage à propos de ses sentiments. Il y est question, en effet, d’un octogénaire amoureux d’une femme de près de quarante ans sa cadette, pleine de vie et d’entrain. Il s’agit d’Anouk, une voisine, qui elle le considère visiblement comme un ami, qu’elle visite régulièrement, avec qui elle fait des sorties et à qui elle se confie. Après quelques mois, comme il fallait s’y attendre, la belle Anouk s’éprend d’un homme de son âge. Elle déménage, mais garde contact avec le narrateur pendant un certain temps. Puis, lorsqu’il la sent prendre de plus en plus ses distances, il prétend avoir cru l’aimer, le temps de quelques semaines. Mais on devine qu’il sous-estime la force et la durée des sentiments qui l’ont habité. Qui l’habitent sans doute encore. L’auteur se demande d’ailleurs : « Peut-être n’ai-je pas suffisamment mis l’accent sur l’émerveillement que ressent mon narrateur devant Anouk ». On réalise ici à quel point l’auteur et le narrateur se confondent. Une phrase est particulièrement révélatrice à cet égard, dans laquelle le « je » désigne l’auteur, et le « il » représente le narrateur : « Je me découvrais des dons de protecteur qu’il n’avait que fort modérément utilisés envers son propre fils ».
Un roman empreint d’émotions, de vie et de résilience, qui se termine sur ces mots : « Je finirai sûrement par lui souhaiter d’être heureuse ».
DOUX DÉMENT
- Boréal,
- 2015,
- Montréal
240 pages
22,95 $
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