Aux nostalgiques des années 1960-1970 et aux passionnés autant de révolution cubaine, de mafia italienne que des Kennedy, Castro et autres Guevara, l’ancien felquiste et ex-éditeur de talent Jacques Lanctôt propose une docufiction qui leur permettra de revivre des années trépidantes à Cuba, entre 1962 et 1972.
Né au Québec en 1945, Lanctôt a été de tous les combats pour l’indépendance du Québec. Après un long exil à Cuba et en France à la suite de l’enlèvement du Britannique James Richard Cross en 1970, il revient au pays en 1979 pour y purger une peine de prison de trois ans. Lorsque l’écrivain parle des enjeux géopolitiques de cette époque, il sait vraiment de quoi il parle.
Le protagoniste du « thriller psychologique » (selon la quatrième de couverture) et pivot de l’Histoire – et de cette histoire – se nomme Don Giuliano, un prêtre québécois défroqué, installé à Santiago de Cuba et grand ami du Che. « J’aime ce pays. J’ai décidé d’y donner ma vie et toute mon énergie », dit-il. Ce sera pourtant Lino Mandolini, personnage secondaire, un mafioso sicilien et tueur à gages, qui volera la vedette, bien que ses changements de statut et d’état d’âme ne soient pas toujours convaincants.
Commandé par la mafia italo-franco-canado-américaine de se rendre à Cuba sous couverture pour y assassiner Fidel Castro, rien de moins, Mandolini sera entraîné malgré lui dans des péripéties rocambolesques. La mafia voyait d’un mauvais œil l’arrivée de ces révolutionnaires barbus qui lui enlevaient l’accès à son lucratif négoce d’hôtels, de bordels et de casinos, son principal business. Transformé en travailleur communautaire au service de Don Giuliano, Mandolini deviendra contre toute vraisemblance le protégé du Che, qui croyait en la réhabilitation des hommes : « C’était la méthode Guevara : faire réfléchir et créer un homme nouveau grâce au travail ». Le Sicilien saura-t-il redéfinir sa vie ?
Éventuellement, Don Giuliano et l’ex-mafioso Mandolini – qui ne sait pas ce qui se trame dans son dos – iront préparer le terrain de la révolution à venir en Bolivie. Que Che Guevarra y ait trouvé la mort en 1967 est un événement aujourd’hui connu de tous.
Lanctôt avoue sur son blogue avoir écrit un livre « à mi-chemin entre la fiction et le récit véridique ». Lui-même y fait une brève apparition : « Le capitaine Marois s’intéressait à l’homme assis à côté de [Don Giuliano]. Cet homme, il en était persuadé, avait déjà été fiché pour ses liens avec le FLQ ».
Pour les mordus de l’histoire récente des révolutions américaines : à ne pas rater.