Le métier de chercheur de vérité est un métier difficile. Chaque semaine, scruter ce qui agite notre monde pour lui donner du sens et, à date fixe, en dire du sensé, est une tâche qui n’est pas à la portée du premier venu. On en conviendra, Laurent Laplante possède une feuille de route aussi bien que des talents de plume et d’intelligence qui l’autorisent à jouer les éclaireurs de conscience.
Romancier, chroniqueur, commentateur, animateur, homme de toutes les tribunes, depuis 1997, il diffuse deux fois par semaine sur Internet des critiques politiques sur l’actualité nationale et internationale. Proposition d’éditeur ? Vanité d’auteur ? Toujours est-il qu’il a décidé de faire passer de l’écran au livre ces chroniques regroupées, lâchement, autour de trois thèmes : l’actualité, l’éthique et l’utopie.
Simple retranscription ? Pas vraiment ! « Ce que je veux […] c’est scruter ma pratique du journalisme pour l’améliorer », écrit-il en guise d’introduction à ce recueil. « Ma perspective [n’est] pas de publier des morceaux choisis, mais de soumettre Dixit (et son auteur) à un sérieux examen de conscience. » Poussant cet examen jusqu’au bout, il publie aussi des extraits du courrier que lui ont valu ses chroniques et pose sur ses propres écrits le regard critique d’un notateur. L’auteur n’est pas tendre envers lui-même (pas au point tout de même de refuser d’étendre encore son auditoire !) et le lecteur y trouvera au gré de ses détestations et de ses coups de cœur de quoi grincer des dents ou de quoi le conforter.
Mais disons-le tout net, vaut mieux lire Laurent Laplante le nez sur l’événement, à la semaine, plutôt qu’à distance. Cela tient moins aux limites du chroniqueur qu’à la nature de l’entreprise elle-même. En effet, faire son quotidien de l’agitation politique, c’est ‘ pour dire le moins ‘ faire dans la politicaillerie souvent, le futile quelque fois et l’éphémère toujours. Quand est retombée la passion des débats et que se sont apaisés les humeurs, les indignations, les dénonciations, les coups de griffes perdent aussi, malheureusement, de leur tranchant.
Au final, que retenons-nous de ce retour sur le commentaire ? Une prose d’une grande limpidité, une façon unique de mettre en perspective les événements de la scène publique et de les éclairer de telle manière qu’on en découvre la portée. De même, on reste admiratif devant la droiture de l’homme et reconnaissant pour le patient travail du journaliste appliqué à débusquer les lieux communs qui polluent le discours dominant.
En rédigeant ses chroniques, Laurent Laplante contribue puissamment à enrichir les débats. On peut regretter toutefois que, porté par ses indignations, ses dénonciations tournent trop souvent à l’exécution. Autant de perdu pour le lecteur, l’excès ne nourrissant pas la réflexion la plus féconde.