Sous-titré Roman personnel, Dis-moi, Lily-Marlène est le premier livre de Michel Normandeau, cofondateur du groupe Harmonium. L’intrigue s’ancre ingénieusement dans le réel, à la fin d’un récital donné par un accordéoniste dans une salle gatinoise, alors qu’il découvre indirectement l’existence d’une parente mystérieuse vivant à Mayence : une descendante de son défunt grand-père. La découverte inattendue de cette Lily-Marlène, fruit des amours de guerre, l’amène à réévaluer son grand-père à travers sa double vie, entre le Québec, la France occupée et le Paris d’aujourd’hui. Cette Lily-Marlène aurait grandi à Montréal mais vivrait en Allemagne. Pourrait-il la retrouver ? Que lui apprendrait-elle sur son propre passé ?
L’habileté du romancier est de narrer à la manière d’un journal intime comprenant un échange de missives. Le narrateur se nomme Michel Normandeau et il est réellement un musicien « parmi tant d’autres » qui a produit un vrai spectacle musical, Mademoiselle de Paris. Par la bande, on évoque le milieu du disque des années 1970 avec son effervescence, ses injustices et ses choix arbitraires. Le lecteur oscille constamment entre l’impression d’une fiction et le vraisemblable, entre l’identification et la distanciation. Une clé nous est suggérée à la seizième page lorsque le narrateur demande à des interlocutrices ce qu’elles pensent de cette histoire rocambolesque d’une parente qui réapparaîtrait après tant d’années : « Qu’est-ce que vous en pensez, vous ? » On peut se demander s’il ne s’agissait pas en filigrane d’une subtile invitation au romanesque et à la fictionnalisation, à partir de cet élément déclencheur.
Auteur intuitif, Michel Normandeau reprend certains thèmes du roman québécois contemporain : récits ambivalents, quête des origines de l’individu, reconstruction de soi, évocation d’amours saphiques, chevauchement entre le passé et le présent, dans ce cas par le truchement de réminiscences du cauchemar hitlérien en toile de fond d’un amour contrarié par des circonstances plus grandes que nature. On pense à des textes (auto)biographiques d’anciens soldats canadiens comme Ton kaki qui t’adore, Lettres d’amour en temps de guerre de Denys Lessard (Septentrion, 2008), où un fils réinventait l’histoire d’amour de ses parents durant la Seconde Guerre mondiale, ou encore au Secret de Marie Julia François (Fides, 2015), premier roman de Lucien Morin, dont l’action se déroule également en alternance entre le Québec et l’Europe.
DIS-MOI, LILY-MARLÈNE
ROMAN PERSONNEL
- David,
- 2016,
- Ottawa
407 pages
27,95 $
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