De 1997 à 2001, Madeleine Albright a été la première femme à exercer la fonction de secrétaire d’État, à Washington. Elle a également siégé au Conseil national de sécurité et a été ambassadrice auprès des Nations unies à New York. Elle est maintenant présidente du National Democratic Institute for International Affairs. Elle a indéniablement dans ses bagages une expérience exceptionnelle dans le domaine des relations internationales. C’est donc d’une voix assurée qu’elle déclare que l’aspect religieux ne peut être écarté de la politique étrangère. Pourtant, cela va à l’encontre de ce qui se pratiquait lorsqu’elle était ambassadrice et secrétaire d’État. « À cette époque, on demandait aux diplomates d’éviter toute forme de conflits et aucun terrain ne semblait plus miné que celui de la religion. » N’empêche qu’elle recommande maintenant que les diplomates américains acquièrent « une connaissance approfondie des croyances religieuses vécues dans les pays où ils prendront leurs fonctions ». En connaissant mieux les motivations religieuses des autres peuples, il est plus facile d’arriver à des compromis et à une meilleure entente. D’autant que la religion occupe une place plus importante depuis la fin de la guerre froide, notamment dans les pays qui faisaient auparavant partie du bloc soviétique. D’ailleurs, même aux États-Unis, où la Constitution interdit la création d’une religion d’État et la limitation du droit de culte, la politique n’est pas toujours imperméable à la religion. Par exemple, George W. Bush aurait déclaré avant son élection que Dieu voulait qu’il soit président. Bien des Américains semblent aussi croire que leur pays jouit d’une relation privilégiée avec Dieu, ce qui les investirait de la mission de répandre la liberté chez les autres peuples. Plusieurs voient « l’accroissement de la puissance de leur nation comme un signe de la Providence ».
Quoi qu’il en soit, Madeleine Albright présente une analyse pénétrante de la politique internationale et de la place qu’y occupe la religion. Le portrait qu’elle trace de la situation au Moyen-Orient et des événements qui y ont conduit est particulièrement intéressant. Son essai plaira sans doute à quiconque s’intéresse à la politique internationale.