Les voyages touristiques suscitent de plus en plus l’intérêt des chercheurs, anthropologues, sociologues, ethnologues, géographes, littéraires, etc. Il faut dire que jusqu’à tout récemment encore, on jugeait et dénonçait le tourisme plus qu’on ne l’étudiait. Des chercheurs comme Jean-Didier Urbain et Rachid Amirou estiment toutefois qu’il faut réhabiliter le personnage par trop décrié de l’homo touristicus et montrer que le voyageur d’aujourd’hui peut encore découvrir le monde, restaurer du sens et trouver du neuf là où d’autres ne veulent plus voir qu’un univers « rincé de son exotisme », pour reprendre la fameuse formulation d’Henri Michaux. L’ouvrage de Franck Michel s’inscrit dans ce mouvement novateur qui tente d’aller au-delà du discours anti-touriste, de concevoir le voyage comme l’occasion de « repenser notre rapport à l’autre, [de] s’interroger sur le sens de notre présence au bout du monde, [d’]envisager rencontres et échanges qui soient réellement dynamiques et mutuelles ». Selon lui, le touriste doit « réapprendre à douter, à penser, à contester », à « perdre ses repères et sa quiétude », à s’ouvrir à l’autre et surtout à se désaliéner d’une perception ethnocentrée de l’Ailleurs. Il en va aujourd’hui de sa sécurité et de l’avenir même de l’industrie du tourisme. En effet, cette troisième édition de Désirs d’Ailleurs s’enrichit d’une postface inédite sur le tourisme et le terrorisme dans laquelle l’auteur établit un rapport de cause à effet on ne peut plus clair : tant que le premier, « avatar moderne de la colonisation », perpétue des inégalités sociales et économiques, des injustices, il fournit un terreau au développement du second. « À long terme, seuls un plus grand respect des différences, l’acceptation d’autres modes d’être et de penser, et un règlement humain du fossé économico-social entre les plus démunis et les plus nantis, pourront graduellement relever le défi de la violence terroriste à l’épreuve du tourisme international. » Bref, le « XXIe siècle sera touristique », estime Franck Michel, à condition que se développe « un tourisme ‘responsable et durable’ (les guillemets s’imposent !), respectueux des environnements naturels et culturels qui constituent – ne l’oublions pas ! – la ‘vraie’ richesse de notre planète ».
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