Avec Désir d’humanité, Riccardo Petrella enfourche son sujet de prédilection : il tente d’élaborer un discours alternatif et mobilisateur à l’encontre des idées répandues par les chantres du néolibéralisme. Penser l’avenir de nos sociétés par une orientation volontaire, collective et démocratique de leur développement en lieu et place de la domination du marché relève maintenant de l’urgence et de la nécessité aux yeux de Petrella. Aux rêves de richesse et de puissance reposant sur les « logiques inégalitaires et marchandes de la globalisation capitaliste de marché », il cherche à opposer des rêves de justice et de solidarité. Car le droit de rêver, nous dit-il, c’est-à-dire le droit d’imaginer et de construire un monde issu des valeurs universelles du « vivre ensemble », nous a été confisqué.
Réaffirmer ce droit, selon Petrella, c’est comprendre que la société peut agir consciemment sur l’ensemble de son devenir en se situant en rupture avec les paramètres de production et de compétitivité. La société peut contrôler le marché ; elle peut orienter la production et les investissements ; elle peut définir l’usage social des nouvelles technologies ; elle peut éradiquer la pauvreté ; elle peut refuser la guerre ; elle peut choisir la solidarité. C’est cela le « désir d’humanité ». Pour ce faire, l’auteur identifie deux axes de lutte tout en y allant d’idées fort audacieuses. D’une part, il s’agit de reconnaître prioritairement le caractère inaliénable du bien commun en partage entre tous et toutes et de préserver le caractère public de son développement. D’autre part, il est impératif de procéder au « désarmement de la finance » en établissant des mesures de contrôle et d’orientation pour refonder son rapport à l’économie et au bien commun public. Enfin, pourquoi ne penserait-on pas l’avènement d’une « organisation mondiale de l’humanité » et ne travaillerions-nous pas à fonder dès maintenant la « première planétaire » des mouvements sociaux et politiques altermondialistes ? L’heure est au « temps des impossibles » nous avertit Riccardo Petrella !