« À Mary Meigs, une grande artiste ». C’est avec cette dédicace que s’ouvre Des rencontres humaines, un petit livre de Marie-Claire Blais sur le métier d’écrire. Une grande artiste, Marie-Claire Blais l’est tout autant, elle pour qui l’art est une activité primordiale. On sent que l’écrivaine partage avec toute une communauté d’artistes un sens aigu de l’observation et surtout une grande sensibilité.
Cette sensibilité transparaît particulièrement dans la manière dont Marie-Claire Blais parle de ses personnages. Elle explique comment ils sont nés, comment elle leur a donné la parole, combien elle leur est attachée. Avec son écriture toujours fluide et à fleur de peau, l’écrivaine aborde la souffrance de ses héros en donnant l’impression qu’elle voudrait les sauver de leurs tragiques destins. Le hic avec cette galerie de portraits, c’est qu’elle risque de lasser le lecteur qui n’a pas lu toute l’œuvre de Marie-Claire Blais. Mais sait-on jamais : la curiosité et le désir d’en apprendre davantage en inciteront peut-être plus d’un à lire ou à relire ses romans ?
Outre ses personnages, Marie-Claire Blais évoque ses lectures et, par le fait même, les écrivains qu’elle estime. Elle nous apprend que sa vocation s’est déclarée vers l’âge de onze ou douze ans, et qu’à l’époque sa mère avait sacrifié ses économies pour lui acheter une machine à écrire. Hélas ! L’auteure n’ira pas plus loin dans le récit de sa venue à l’écriture et c’est bien dommage : on aurait aimé en savoir plus. Ce livre décidément trop bref fait penser à une commande, ce qu’il est vraisemblablement si l’on se fie à la collection dont il fait partie et à laquelle de nombreux autres écrivains québécois sont associés. Aussi court soit-il, l’ouvrage témoigne tout de même de la qualité d’écriture à laquelle Marie-Claire Blais a habitué ses lecteurs, et c’est sans doute ce qui sauve Des rencontres humaines de l’inutilité.