À 45 ans, Lise Payette entre en politique active et fait partie du gouvernement formé par René Lévesque, à titre de ministre des Consommateurs, Coopératives et Institutions financières. À force de travail et de ténacité, souvent contestée par ses collègues du Conseil des ministres où elle est la seule femme, elle règlera le dossier de l’assurance automobile, acheminera une loi sur la protection du consommateur, créera une société de développement coopératif. Quand le premier ministre lui demande de consacrer tout son temps à la Condition féminine, elle devient ministre d’État et, à ce titre, fait partie du Comité des priorités. Elle est ministre d’État au Développement social quand elle annonce qu’elle ne sera pas candidate aux élections prochaines. N’ayant siégé que quatre ans et demi à l’Assemblée nationale, elle ne retirera aucun bénéfice financier de son passage en politique. Malgré la contestation parfois unanime des critiques, soutenue par son cabinet, elle est demeurée fidèle à elle-même et aux deux grands objectifs qui amenèrent son élection en 1976 : l’indépendance du Québec et la condition des femmes ; entre-temps, elle a découvert que la prudence est une vertu essentielle.
Quand elle quitte définitivement la politique, elle se retrouve seule, oubliée, devant un agenda vide, mais après quelques mois, elle repart sur d’autres rails : elle écrit quatre téléromans qui occuperont les écrans durant une douzaine d’années, travaille à la préparation de documentaires dont les deux premiers seront diffusés, prendra la présidence de Point de Mire, maison de production de documentaires. Dans Des femmes d’honneur, elle ne s’apitoie jamais sur elle-même, ni sur la société québécoise, mais elle ne cache pas ce qui l’inquiète à propos des milieux de travail qu’elle a connus et de la société en général : la politique n’est pas un laboratoire d’amitiés durables ; la télévision se dégrade, véhicule la violence, le mauvais goût et l’ignorance, la langue française y est bafouée ; les personnes âgées ne sont pas respectées, on les tutoie, on les traite comme des enfants ; les femmes sont toujours l’objet de la violence des hommes. Le soir de la tragédie du 6 décembre 1989 à Polytechnique, elle avait même souhaité que sa petite-fille fût plutôt un garçon !
Ce parcours de vie, bien raconté, nous fait revoir les 25 dernières années. On peut ne pas être toujours d’accord avec l’auteure, mais on la sent engagée, proche des femmes, vibrante et sincère, et l’on éprouve un grand élan de solidarité !