John Carlin est journaliste et a été, de 1989 à 1995, chef de pupitre en Afrique du Sud pour l’Independant de Londres. Il travaillait donc dans le pays pendant la période de très grande incertitude qui a mené de l’apartheid à une véritable démocratie. C’est ce qui lui a donné l’idée de cet ouvrage, pour lequel il a interviewé plusieurs acteurs privilégiés des événements, dont Nelson Mandela lui-même. Le résultat est un récit digne des films à la Disney, qu’on pourrait, à première vue, juger un peu mièvre, s’il n’était pas le reflet de la réalité.
Pourtant, quand on y repense, il est presque incroyable que cette transformation si radicale qu’a vécue l’Afrique du Sud se soit réalisée sans bain de sang et sans guerre civile. En effet, tous les ingrédients étaient là pour que cette véritable révolution tourne au désastre. D’une part, des organisations de droite composées de Boers armés jusqu’aux dents et craignant de perdre leurs privilèges. D’autre part, la population noire plus importante en nombre et bien déterminée à ne pas revenir en arrière, alors que le processus de démocratisation était amorcé.
Il y a bien eu un certain nombre de meurtres et d’attentats terroristes dont le but évident était de faire échouer le processus de démocratisation mais, contre toute attente, le pire ne s’est pas produit : il n’y a pas eu d’affrontements sanglants opposant les populations des deux races. Et le principal facteur de cette réussite a été Nelson Mandela. C’est lui qui est parvenu à faire comprendre aux Sud-Africains blancs qu’un gouvernement vraiment démocratique ne signifiait pas la catastrophe pour eux. Il a également convaincu la population noire que renoncer à la vengeance était le prix à payer pour obtenir les changements qu’elle réclamait.
Dans cet ouvrage, John Carlin relate, d’une façon captivante, les principales étapes ayant mené à la fin de l’apartheid et à un gouvernement élu par tous, en Afrique du Sud. Il insiste en particulier sur le match de la finale de la Coupe du monde de rugby de 1995, qui s’est tenu au Cap et qui a opposé l’équipe nationale à celle de la Nouvelle-Zélande, considérée comme favorite. Ce match allait réserver des surprises susceptibles de favoriser un rapprochement entre tous les Sud-Africains