Les événements se passent à l’époque de Mussolini dans une petite ville de province italienne. Au palais de San Martino, la vie des Dossi prend un cours particulier avec l’arrivée d’une petite fille, Chiara, dont Pietro, le fils Dossi, tient davantage auprès d’elle le rôle de père que son père présumé, Francesco, l’ami de Pietro. Dans l’univers bien nanti de San Martino, on coule une vie heureuse, toutes classes confondues, jusqu’à ce que Chiara, l’enfant chérie, qui interprète la disparition de Pietro à sa façon, fasse une déclaration qui n’est que le début de la disgrâce de Francesco et Teresa, ces petites gens qui avaient accédé, grâce à l’amitié des Dossi, à un monde privilégié.
C’est dans un lent crescendo que, après la mort de la vieille Dossi, nous assistons à la ruine des héritiers du palais dans le monde décadent du fascisme. Pour les nouveaux personnages qui entrent en scène, on se prend d’une vive sympathie : Ugo, sa mère Olga et un ouvrier, Mario, occuperont une place importante dans la vie de la microcommunauté qui entoure le palais.
Alors que gronde la révolte, comme un triste présage, le regard de Chiara s’obscurcit :« Il commençait à faire noir et deux ombres semblaient monter, comme deux flaques d’eau noire, et encercler ses yeux. » Dans un rinforzando, les cinquante dernières pages nous décrivent le tragique destin de ceux qui sont restés au palais après la chute de la famille Dossi. Ils subissent, impuissants, les abus de pouvoir et ils se confondent soudain avec les victimes de la tristement célèbre Allemagne hitlérienne. La qualité de l’écriture de Ferrero, nuancée et efficace, ajoute une touche pathétique à ce récit bouleversant.