Suivant la publication de Rose et rasoir (Lanctôt, 1998), Jean-Sébastien Larouche nous offre, ici, un recueil de poèmes tout aussi décapant. Il y explore sensiblement la même thématique : notre identité incertaine dans un univers fragmenté et l’anarchie négative qui en découle.
Que signifie cet étrange titre, Dacnomanie ? Il désigne, tout simplement, une impulsion qui peut entraîner des êtres trop déséquilibrés a mordre soudainement leur prochain ! Et ce recueil, en effet, mord et durement… On y évoque la peur de soi et de l’autre, l’inquiétude par rapport au non-avenir, le vide: « je capote tout seul. / personne nulle part. depuis trop longtemps. » ; « je mords dans le vide / à pleines dents. / presque à plein temps. » Cette difficile solitude est aussi celle de toute une génération jetée aux ordures. Vie et mort se côtoient constamment enrobées, cependant, d’un humour souvent tordu. Comme dans son précédent recueil, notre jeune poète se demande si l’écriture peut le sauver et nous éclairer sur le sens de notre existence. Encore une fois, il s’interroge à savoir si la poésie est en mesure de recréer le monde. Il évoque, à ce propos, un dialogue imaginaire avec un poème: « “t’es rien / qu’un petit sacrament de poème sale. / un poème gale.” “écris-moi.” / “laisse-moi tranquille.” / “écris-moi. t’as rien a perdre maudite marde. / maudit malade.” / “j’aime mieux me coucher. / tu vas ben finir par t’écœurer / finir par t’en aller.” / “tu ne pourras pas dormir.” / “ta gueule. / je suis fatigué. / dors. ferme-la ou décrisse. / mais laisse-moi dormir.” / “é’criiiiiiiiiiiis-moi. / tu dors-tu. / HEY / tu dors-tu.” »
Pour connaître les curieuses réflexions de Jean-Sébastien Larouche concernant l’utilité ou l’inutilité de la poésie, on pourra voir ou revoir le beau documentaire intitulé : La poésie : le verbe incendié. Celui-ci a été réalisé sous la direction de Fernand Harvey, Colette Loumède et Denis Chouinard de l’INRS-Culture et société en 1999.