Un riche homme d’affaires, ayant fait fortune sur le dos des autres, est traîné devant les tribunaux par un vigoureux Cajun de Louisiane qu’il aurait sauvagement arnaqué. Ce magnat des pompes funèbres, qui n’en est pas à ses premières frasques, ira jusqu’à courtiser la petite-fille de l’ancien mentor qu’il a détroussé, réveillant ainsi une escroquerie qu’il croyait enterrée depuis vingt ans.
Voilà la trame du roman Croque-Dead inc., de l’auteur québécois Julien Béliveau. L’auteur ne s’en cache pas ; son but n’est pas de réinventer la littérature, mais bien de nous dilater la rate ! À ce propos, la quatrième de couverture est d’ailleurs fort éloquente : « Pour la modeste somme de 24,95 $, soit 0,08 $ la page, Croque-Dead inc. vous éclairera sur ces graves questions et peut-être même réussira-t-il à vous faire rire ! »
Il veut faire rire, soit. Mais y parvient-il ? Toutes les raisons sont bonnes pour s’écarter de la diégèse et pour se lancer dans des diatribes humoristiques. Dans des interminables notes de bas de pages, Julien Béliveau se livre à des envolées délirantes, amusantes mais souvent absurdes, qui détournent sans cesse l’attention du lecteur. On assiste, dans ce méta-récit, à des démêlés virtuels entre l’auteur, son éditeur scrupuleux et son réviseur à la plume bien aiguisée. Ce stratagème, aussi ingénieux soit-il, devient rapidement lassant.
L’originalité du récit et sa saveur humoristique ne marqueront certes pas l’histoire littéraire. D’ailleurs, certaines blagues vieilliront très mal (celles portant sur l’ex-ministre David Levine sont déjà dépassées !). Cependant, les commentaires caustiques de Julien Béliveau ont su par moments déclencher quelques rires, ce qui revient à dire qu’il a atteint son but !