Couleurs de l’incendie s’ouvre au moment des obsèques de Marcel Péricourt, un banquier bien en vue de Paris. La présence d’ambassadeurs, de parlementaires, de généraux et même du président de la République témoigne de l’influence dont bénéficiait le défunt.
Sa fille, Madeleine, est son unique héritière. Elle est divorcée (l’ex-mari est en prison pour fraude), et son père avait espéré la remarier à Gustave Joubert, le fondé de pouvoir de la Banque Péricourt. Après en avoir d’abord accepté l’idée, Madeleine avait fini par refuser fermement cette union, provoquant l’ire de son père et, bien sûr, du prétendant éconduit. Il faut dire qu’elle avait alors pris pour amant le précepteur de son fils, André Delcourt, qui n’avait apparemment qu’un seul défaut : la pauvreté. Au moment du décès de son père, Madeleine Péricourt avait son avenir tout tracé : elle allait prendre la tête de la banque familiale même si, à l’époque, la présence d’une femme à ce poste était loin d’être bien vue.
Mais voilà que, le jour des obsèques, son jeune fils Paul se jette, à partir d’une fenêtre de l’étage, sur le cercueil de son grand-père, provoquant le choc que l’on imagine parmi les témoins de la scène. Ayant survécu, l’enfant reste paraplégique, mais refuse de révéler les raisons de son geste tragique. Se sentant coupable, Madeleine décide de se consacrer dorénavant à son fils et de s’en remettre à Joubert pour la gestion de la banque. De plus, elle se fie un peu naïvement à son entourage pour se charger des détails de la vie quotidienne à sa place. Mais elle finit par réaliser, un peu tard, qu’on a abusé de sa confiance. Et elle doit en payer le prix. À partir de ce moment, elle échafaudera des plans afin de se venger. Mais jusqu’où ira-t-elle pour assouvir sa rancune ?
Pierre Lemaitre sait habilement plonger dans les eaux troubles de l’âme humaine : envie, trahison, mépris, hypocrisie, mensonge, malversations, cupidité, et plus encore. Son univers romanesque rappelle celui d’Alexandre Dumas, notamment dans Lecomte de Monte-Cristo. Lemaitre sait par ailleurs habilement insérer son histoire dans son époque. Les références historiques et même techniques, parfois pointues, abondent et ajoutent de la substance. Le résultat est un roman fort bien ficelé et, de toute évidence, peaufiné avec minutie.
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