Six textes composent Coronado, soit cinq nouvelles et une pièce de théâtre. Ce dernier Dennis Lehane, différent des précédents par la forme mais non par le contenu, n’en demeure pas moins une grande réussite : des histoires déchirantes, des personnages troublants aux destins tourmentés. Bref, de courts textes efficaces et percutants ! Bienvenue au pays des pourris !
Dennis Lehane nous a habitués à des personnages déjantés, pervers mais pathétiques. Coronado nous en présente une brochette particulièrement réussie : un ancien combattant du Vietnam qui prend manifestement un plaisir malsain à tuer des chiens, une jeune fille de famille aisée qui saccage la maison de ses parents, de jeunes assassins particulièrement brutaux qui agissent par vengeance, un père – qui n’en a que le nom – qui vient cueillir son fils présumé à la prison où il vient de purger sa peine, une femme qui participe au meurtre de son mari et abandonne son enfant à naître (oui !) à son complice des personnages excessifs qui évoluent dans des univers impitoyables et glauques.
Car c’est bien dans l’univers de Lehane que l’on plonge dès les premières pages de Coronado, un monde en déliquescence auquel on croit d’entrée de jeu car le réalisme brutal avec lequel il nous est présenté nous rappelle, invariablement, la une de nos journaux. Les familiers de Lehane ne seront pas déçus et les nouveaux lecteurs découvriront avec intérêt ce grand auteur qui s’intéresse à ce que recèle de plus obscur l’âme humaine. Rappelons que Dennis Lehane a longtemps travaillé auprès d’handicapés et d’enfants victimes de maltraitance. C’est en faisant preuve d’une grande humanité que cet auteur de polars décrit des mondes sordides et des personnages sans scrupules auxquels on ne peut rester indifférent.