La liberté de pensée de Léo-Paul Lauzon contraste si heureusement avec le conformisme mondialisant qu’on s’en étonne. On la comprend mieux quand on apprend que Lauzon ne reçoit rien de l’UQAM (Université du Québec à Montréal) pour son enseignement et que sa Chaire d’études socio-économiques doit la totalité de son financement à divers syndicats. Cela ne saurait grandir à nos yeux ces murs universitaires qui vantent la liberté académique tout en la pratiquant de façon éminemment sélective, mais cela prouve qu’il est quand même possible de contourner les interdits et de proposer autre chose.
Lauzon regroupe dans ce bouquin des chroniques publiées ici et là. Les dates nous sont fournies, mais pas le lieu d’où Lauzon fulmine. C’est dommage que l’on ne puisse pas remonter de Lauzon aux revues et périodiques qui respectent ou recherchent son franc-parler.
Il serait cependant plus dommage encore de réduire Lauzon à la verdeur de ses propos et d’en sous-estimer le bien-fondé. Ce que dit Lauzon n’est pas seulement vivant, drôle, caustique. Ce qu’il profère est également vrai, juste, efficacement dévastateur. Ce n’est pas parce qu’il affectionne à l’excès le vocabulaire de la sacristie et coiffe trop généreusement ses cibles de surnoms démagogiques que ses propos se diluent. Un livre qui mérite la lecture et répond non pas seulement à un besoin, mais à une urgence.