Déjà publiés aux éditions de l’Aurore en 1974, les Contes de Jos Violon sont extraits d’un répertoire que Louis Fréchette avait auparavant fait paraître en volumes ou dans les périodiques de son époque. Avec raison, Aurélien Boivin retient la dernière version publiée du vivant de l’auteur, respectant ainsi un principe en honneur chez les éditeurs critiques. À la manière de ces derniers, d’ailleurs, il ajoute de nombreuses notes et fait précéder le tout d’une présentation où il trace le profil structurel des contes, presque tous circonscrits par les mêmes formules sacramentelles d’introduction et de conclusion.
Le titre du recueil évoque un personnage de la région de Lévis qui a réellement existé et que Fréchette, dans son enfance, a lui-même entendu au cours de « veillées de contes » fort prisées du public et habituellement tenues « les soirs d’automne et d’hiver ». Tous les héros de ces récits de chantier sont aux prises avec des histoires d’ensorcellement, de chasse-galerie, de lutins, de diables ou de « bête-à-grand’queue ». Ce sont tous des « hurlots », sacreurs, ivrognes, mauvais caractères ou matamores, et ils finissent toujours par être punis de leurs vices ou de leurs méfaits. Mais, surtout, ils prennent dans la bouche de Jos Violon un accent pittoresque que le lecteur découvrira (ou redécouvrira) avec le plus grand des plaisirs : il s’agit d’une « langue exceptionnelle », dit à bon droit le présentateur, d’une étonnante vivacité, faite essentiellement de déformations lexicales colorées (joualisantes à vrai dire, mais sans les sacres traditionnels) et basée sur une imagerie novatrice où l’humour et l’hyperbole ne tiennent pas la moindre place.
Les contes sont sans doute la partie la moins vieillie de la production de Louis Fréchette et ils rejoignent encore, d’emblée, le lecteur d’aujourd’hui. Ne seraient-ils pas même le meilleur de son œuvre ? « Et cric, crac, cra ! sacatabi, sac-à-tabac ! mon histoire finit d’en par là. »