Ce nouveau titre de Mario Bergeron s’intègre à une véritable photographie de famille. Cap-de-la-Madeleine reçoit son dû et monopolise même longuement l’attention, sans pour autant que le lien entre Mario Bergeron et le Trois-Rivières qu’il ne cesse de patrouiller et de ressusciter de livre en livre s’en trouve affaibli. Décor et époque, précis, doivent beaucoup aux constats personnels et aux recherches historiques. La coopérative d’habitation, comme on pouvait la concevoir il y a un demi-siècle et comme la régentait un curé à la souveraine autorité, retrouve ses vraies couleurs humaines et sociales. La solidarité, exigeante et palpable, rend presque nostalgique…
Les Contes d’asphalte, ce sont en fait deux livres si différents l’un de l’autre qu’on pourrait les imputer à deux plumes différentes. Autant la mère, Carole, marque la première moitié de l’ouvrage, autant l’avant-scène de la deuxième tranche appartient en propre à son fils Martin. Il ne s’agit toutefois pas d’un simple changement de la garde. Il y a virage net vers une atmosphère radicalement rafraîchie. Autant pesait sur la mère une grande et étouffante noirceur, autant la joie de vivre et une constante aptitude au bonheur règnent dans les superbes relations du fils Martin avec son grand-père. Par décision de l’auteur, le jeune Martin ne vieillit pas comme tout le monde : il peut revenir à neuf ans après avoir traversé sa onzième année. Il s’agit de le remarquer au passage.