Réginald Hamel nous propose ici une édition complète des textes en prose du peintre poète Charles Gill. On trouve dans ce livre six contes (les trois meilleurs avaient été publiés dans Les soirées du château de Ramezay de l’École littéraire de Montréal, dont Micheline Cambron et François Hébert nous ont offert une réédition en 1999), quelques critiques littéraires, un peu plus de critiques artistiques (essentiellement des « Salons », mais ces revues n’intéresseront que les historiens de l’art).
Il reste les chroniques : c’est là que réside l’intérêt de l’ouvrage. Écrites entre 1896 et 1903, ces 68 chroniques publiées dans divers journaux de l’époque contiennent de beaux traits de plume. Gill y fait preuve d’un esprit avant-gardiste en ce qui a trait aux questions sociales, prenant la défense des démunis et des exclus. Mais à côté de certains morceaux de choix, on trouve aussi des platitudes, textes de circonstance ou trop rattachés à l’actualité d’alors pour intéresser le lecteur d’aujourd’hui.
Le travail de Réginald Hamel s’est limité à la compilation. Il aurait été préférable d’effectuer une sélection des meilleurs textes (mais alors, le livre aurait été un peu mince). La courte présentation, déparée par de disgracieuses coquilles, éclaire peu le corpus. L’histoire littéraire québécoise a retenu le nom de Gill dans la catégorie des poètes. Ce livre ne remettra pas ce classement en question : Gill n’a pas la force d’un Arthur Buies ou d’un Claude-Henri Grignon.