Combustio ou combustion en catalan. Le feu, la flamme, le brasier ou l’incendie. Gilles Jobidon place au cœur de cette thématique le Grand Incendie de Londres de 1666, le peintre irlandais Francis Bacon et la fabuleuse technique picturale de Georges de La Tour, le peintre des nuits.
Petites histoires et grande histoire, monde étrange des artistes et des Circassiens, voyages dans le temps et de par le vaste monde, un méli-mélo attend le lecteur. Paris, Londres ou Buenos Aires ; Combustio se développe en de nombreuses péripéties, plus ou moins parallèles, et une pléiade de personnages. Ce qui n’en fait pas un livre facile.
L’auteur a bâti son intrigue – ou mieux ses intrigues – comme des poupées russes, ces poupées gigognes appelées matriochkas. Ou comme un livre à tiroirs. L’archéologue Jane Dix, un des personnages principaux de Combustio, ne dit-elle pas en ce qui semble être un écho de l’écrivain lui-même : « Un livre à la trame éclatée, construite à la manière dont opère le cerveau, pour qui le présent, le passé et le futur sont les facettes d’une même réalité » ?
Le travail de recherche et le peaufinage manifestes qu’a accomplis l’auteur durant six ans pour générer sa vaste saga sont remarquables. Admirable aussi la façon dont la fiction s’entremêle à la réalité historique. Combustio passe du statut de simple fiction à celui d’un traité – fort savant – dans lequel s’entrecroisent la botanique, le café, les assurances Lloyd’s, les amish, le ballon dirigeable et que sais-je encore. Ainsi que la peinture et les impressionnistes, entre autres sujets. « L’art de Turner poignarde l’art ancien, quarante ans avant que Monet ne lui donne le coup de grâce avec une toile minuscule, intitulée Impression soleil levant ».
On y croise Verlaine et Rimbaud qui « habitent une grande maison de style géorgien qui existe toujours, à deux pas du pont Waterloo, 8 Royal College Street ». Henri Dunant, l’illustre fondateur de la Croix-Rouge, ou encore Louis XIII. L’éparpillement et l’enchevêtrement peuvent donner le tournis, c’est vrai. Alors, soit on résiste, au risque d’être déçu, soit on entre dans le jeu, pour le pur plaisir.
Gilles Jobidon signe ici son cinquième roman, après La route des petits matins, prix Robert-Cliche 2003, Ringuet 2005 et Anne-Hébert 2005 ; L’âme frère en 2005 ; Morphoses en 2006 ; D’ailleurs en 2007. Il a par ailleurs obtenu le Grand Prix littéraire de la Montérégie en 2006.