Après avoir consacré des numéros à différents aspects du cinéma, comme Panorama des genres au cinéma, Le suspense au cinéma, Le comique à l’écran, la revue CinémAction en propose un sur l’inclassable Joseph Losey (1909-1984), réalisateur né aux États-Unis mais ayant quitté son pays natal à l’époque du maccarthysme pour travailler en Angleterre, où il produira ses œuvres principales. Après avoir tourné une dizaine de films aux États-Unis, dont un remake de M. le maudit, d’après le chef-d’œuvre de Fritz Lang, Losey s’établit définitivement au Royaume-Uni en 1952. Il trouve sa voie au début des années 1960 avec des longs métrages comme Ève (avec Jeanne Moreau), et surtout deux films mettant en vedette Dick Bogarde : Le servant et Accident. Stylistiquement, Losey échappe aux genres et aux tendances. Ses œuvres sont marquées par l’insolite, le baroque, la critique sociale ; celles de la maturité demeurent marquantes : Modesty Blaise, Cérémonie secrète, M. Klein ou Don Giovanni.
Ce collectif comporte une vingtaine d’études sur les principaux films de Losey (et quelques méconnus, comme Le garçon aux cheveux verts ou Pour l’exemple), suivis de témoignages de critiques et d’artistes ayant collaboré avec le cinéaste, comme Michel Ciment, grand spécialiste français de l’œuvre de Losey, et Jeanne Moreau. On y traite de l’adaptation, de la réception, de la post-modernité, des penchants du réalisateur pour le mélodrame. Les analyses sont à la fois étoffées et originales, toujours claires et stimulantes.
La revue CinémAction présente encore un numéro instructif et accessible, cette fois consacré à un réalisateur sur lequel on avait relativement peu écrit. Losey demeure une figure à part, comme Roman Polanski, Nicholas Roeg et Lars Von Trier, et reste à découvrir.