Donald Alarie poursuit depuis 1977 une aventure littéraire touchant plusieurs genres : poésie, nouvelles et romans. Ses textes ont été publiés chez divers éditeurs dont Pierre Tisseyre, les Écrits des Forges et XYZ.
Les poèmes de ces recueils révèlent une existence qui peut être, à la fois, belle et perverse ; l’écriture est ainsi incertaine, à l’image de la vie…, découvrant de brèves luminosités entre ombres et brouillards, à l’images de nos parcours, de nos errances qui font de nous de pauvres « figurants » de l’existence. C’est là toute notre « fragilité ordinaire ». Et « vivre est encore possible », le plus loin des « fracas du monde ».
Ainsi, les jeux semblent faits : la « vie est laissée au hasard », défilant à la manière d’un film en noir et blanc avec quelques éclats, mais le tout est plutôt feutré, quasiment dominé par la grisaille. On n’évite point les « petits matins blafards ». La lumière, même en plein jour, semble étrangement lointaine, et cela, malgré la présence de significations qui dévoilent une beauté du monde pouvant disparaître à jamais…
La condition humaine nous est constamment présentée dans ces œuvres comme à contre-jour, avec des contours flous. « […] les arbres me protègent encore / contre tout ce qui pourrait me détruire. » C’est dire que l’aventure humaine ne sera jamais à l’abri du chaos. Nous avançons dans le brouillard – serait-ce là notre inévitable et presque nécessaire condition, une situation indépassable ? Alarie écrit : « […] je marche / au cœur du froid / les rayons du soleil me brûlent les yeux / personne à qui me confier ». Et il y aura toujours cet inquiétant demain.
Si tout, pour l’être humain, est, à la fois, « perdu et retrouvé », cela pourrait vouloir dire qu’il n’y a que des situations, ici et maintenant, à vivre. Oublions donc les « essences », les « transcendances » de toute provenance qui peuvent risquer d’estomper les lézardes de notre condition, d’embellir stupidement et inutilement notre unique Lieu. N’y aurait-il, en fait, que la délicate question d’une survie existentielle? Alarie écrit lucidement, sinon brutalement : « […] il nous faut savoir effacer / à certains moment / tout ce qu’on nous a inculqué / sur la tragédie humaine / les méfaits de l’histoire / tatouages non désirés / inscrits sur notre peau / et nous contenter de sourire / tranquillement / sans raison apparente / pour survivre ».