Présentées à la télévision ou dans un quotidien, les chroniques historiques de Marcel Tessier visent à « donner le goût aux Québécois, d’aller plus loin à la recherche de leurs racines ». De fait, certaines informations relayées par Tessier piqueront la curiosité : l’esclavage pratiqué ici, l’Acadie reliée à la Nouvelle-Écosse plutôt qu’au Nouveau-Brunswick… Clair et modeste, l’objectif impose pourtant sa limite : le chroniqueur répercutera l’histoire convenue. Tessier insistera sur les personnages familiers, les dates classiques, les clichés usuels. Assez rares, les ajouts seront parfois équivoques. Ainsi, Marguerite Bourgeoys « fut la première à enseigner à des filles. Mais le curé Souart fut le premier à ouvrir une classe pour garçons. C’est donc à juste titre qu’on le reconnaît aujourd’hui comme premier instituteur de la colonie naissante ». Autre raccourci : « […] apprivoisés, les Indiens ne se feront pas prier pour servir fidèlement les nouveaux maîtres ». De même, Tessier porte à l’actif de d’Iberville l’attaque contre Deerfield (« À 18 ans, il part avec des miliciens canadiens vers Deerfield… »), alors que Mylène Gilbert-Dumas (1704, VLB, 2006) y voit autre chose. Cela cause plus de dégâts que les quelques inexactitudes qui déparent l’ensemble. Une différence notable sépare les deux tomes : le premier saute d’un sujet à l’autre, avec le risque de la dispersion, le second étoffe et allonge les exposés, exposant l’auteur à se faire plaideur.
Les Chroniques biographiques* proviennent de la même main. Même sincérité, même honnêteté, même fragilité devant les repères extérieurs, même faiblesse de l’analyse. Marcel Tessier est doué d’une voix dont tous font l’éloge, il séduit les auditoires, il raconte avec verve et sérieux. Il aime les gens au point de dépendre de leur affection. La célébrité semble possible. Lorsqu’un choix s’imposera entre les aléas d’une carrière de chanteur et la sécurité personnelle et familiale, Tessier sombre. Survivant au naufrage, il tente sans prudence suffisante l’aventure électorale. Nouvelles meurtrissures. Émouvant et triste.
*Chroniques biographiques ; L’homme, Montréal, 2006, 298 p. ; 24,95 $.