C’est un beau et joyeux poète en salopette qui nous accueille en page couverture. Il nous fait signe d’entrer dans la maison du poème qu’érige tout recueil. Il nous reçoit avec un sourire aussi large que ses mains dans un choix de textes effectué par l’auteur lui-même.Cette photo est déjà une sorte de manifeste. Nous n’entrerons pas dans la chambre esseulée d’un auteur qui craint la vie. Nous sommes les bienvenus dans ses poèmes.L’anthologie ne se présente pas dans l’ordre chronologique. Cela a pour effet d’éviter une sorte de sacralisation du texte trop souvent figé par ce genre d’exercice. Avec Michel Garneau, on est du côté du vivant. Dans une superbe présentation, il nous raconte ce qui a présidé au choix des poèmes « pas trop longs ». Il y parle notamment de cette décision de revoir et de corriger certains textes pour que le poème soit « asteur vrai pour moi et pour vous ». Et, surprise, il nous donne un généreux choix d’inédits.Michel Garneau remet donc en mouvement le parcours d’une vie amoureuse de poésie et de paroles. Et c’est tout plein de souvenirs ! On ressent le bel appétit de l’enfant en lisant le poème « Les sannouiches aux tomates » qui sont « tellement bonnes / que j’ai envie de pleurer ». Dans « La bénédiction », on suit l’enfant qui retourne à l’école après le dîner chez sa mère Germaine. Il court devant la pluie, une pluie qui finit par l’envelopper « dans son chant dans sa danse dans sa fraîcheur / et elle m’a béni elle m’a béni elle pour vrai m’a béni ».On lit également une série de poèmes amoureux. Michel Garneau aime célébrer la beauté de la femme « taillée dans la plus belle chair du réel ».Dans un touchant poème, inédit, il évoque le grand frère, le poète Sylvain Garneau mort trop jeune : « J’avais treize ans et je me voulais poète, / j’avais peur, poète, on pouvait en mourir ».Le lumineux cinéaste Pierre Perrault répétait souvent : « On demande des poètes de chair et de sang ». Son documentaire La grande allure faisait revivre à Michel Garneau la même longue traversée de l’Atlantique de nos ancêtres entre Saint-Malo et Québec. On le voit désirer le fleuve Saint-Laurent et le pays qu’il appelle de tout son cœur.Michel Garneau dans ce Choix de poèmes refait la traversée de son œuvre et le résultat a franchement grande et belle allure. Merci monsieur Garneau !
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