La publication du recueil de poèmes Chemins du retour a suivi l’attribution à son auteur du Prix littéraire Jacques-Poirier – Outaouais, en 2005. Professeur à l’Université St-Paul et auteur de plus de 35 livres de tous genres, Jacques Gauthier avait déjà fait paraître en 1981 un imposant recueil de poèmes mystiques, Les heures en feu.
Dans Chemins du retour, on retrouve, comme dans les livres précédents, de courts poèmes en vers libres, sans rimes ni ponctuation, répartis en cinq cycles : « Une joie », « Distiques », « Maison de papier », « Dans l’invisible », « Visions ». Ici encore, le lexique semblera souvent recherché, volontiers spiritualiste, sans toutefois être hermétique ; le propos reste évocateur et parfois même légèrementsensuel, comme dans « Distiques ». Deux thèmes semblent particulièrement présents, parfois entre les lignes : le feu et le temps. Ainsi, autour du thème du feu, Jacques Gauthier multiplie les images chaleureuses : « Elle est flamme consumante / nuée lumineuse ». On peut lire ailleurs, dans le cycle des « Distiques », une belle allusion à la temporalité : « Tout est ordinaire / au quotidien de l’éternel ». Puisque la poésie est aussi un travail sur le mot, Jacques Gauthier a créé ça et là quelques heureux néologismes : « On septembrise de partout / en direct à la téléfusion ».
Avec Chemins du retour, Jacques Gauthier confirme sa réputation de poète rigoureux et respectueux de la langue. La voie choisie, souvent propice à l’émerveillement, évite la noirceur, la violence et le désespoir. Jacques Gauthier est tout le contraire du poète révolté, en mal de vivre. Après plus de trente années d’écriture poétique, son style reste doux et subtil. Mon seul reproche porte sur un détail éditorial : trop de pages blanches, quatre chaque fois, encadrent les différentes sections, soit près du quart du recueil !