Le prix de poésie Max-Pol Fouchet existe depuis 1982. Il est décerné sur manuscrit par un jury international francophone. Guy Rouquet, l’animateur de L’Atelier Imaginaire, veille à ce que le texte primé soit publié et que des animations entourent l’événement. Chemins de bord de Jacqueline Saint-Jean a obtenu ce prix en 1999. Préfacé par le poète suisse d’origine arménienne Vahé Godel, le recueil est paru aux éditions du Castor Astral.
Des images de mer, de « naufrages », de tristesse et d’oubli traversent ce recueil d’une grande sensibilité. Jacqueline Saint-Jean y décline, avec un détachement tourné vers l’aveu discret, l’« érosion » de l’âme, l’expérience d’un deuil. Et elle dit : « On s’avance tenu en laisse / par ce chemin de mots étranges / où l’encre fige les visages ». La redécouverte d’un son intime, inscrit en creuset dans la langue, serait vie, horizon, reflux : « De ta langue nomade émerge / ce haut visage usé de sable ». Vents, rivages, rêves, douleurs et la mer « affamée » apprivoisant « les vieux séismes » hantent le livre. Formé de deux suites poétiques qui se complètent, Chemins de bord de Jacqueline Saint-Jean évoque, au « bord de la nuit pacifiée », des signes, une jetée, des «balises douces », tout un paysage intérieur en osmose avec ce parcours d’écriture. En postface l’auteure confie : « Pour celui qui écrit, parfois des livres émergent, étranges balises sur les lignes de fond. » Ces Chemins de bord ouvrent des voies, « l’eau des écluses entre les corps ».