Ayant en mémoire des images très vivantes d’Il suffit d’y croire (1994), premier livre de cette jeune Française vivant alors dans le nord du Québec, je me suis réjouie d’avoir en mains, d’une façon inattendue, son dernier roman. J’ai d’abord appris qu’elle vit à Madagascar depuis janvier 1999. Surprenant qu’une écrivaine éprise du Nord se retrouve aux antipodes de la planète, sur cette île isolée dans l’ouest de l’Océan Indien, où elle situe d’ailleurs sa toute nouvelle intrigue. S’y déroule une partie de la vie de Jean Laborde, de son arrivée au XIXe siècle jusqu’à sa mort à la veille de la colonisation française. À travers le récit de cette vie, l’auteure nous donne des éléments importants de la culture de Madagascar, devenu depuis pays de misère.
L’unité du pays est à faire, les détenteurs du pouvoir habitent les plateaux du centre et sont en butte aux aspirations et conspirations de groupes divers. La torture et la mort infligée sont omniprésentes. Le Roi sera étranglé et ses amis poursuivis. Comment Laborde, dit Raiko, agira-t-il dans ce pays qui n’accepte guère les intrusions étrangères ? Il élabore une cité industrieuse pour produire des armes et de la poudre et fait commerce des produits de la terre. Favori de la reine, il construit pour elle de superbes palais avant d’être envoyé en exil pendant quatre ans, au terme duquel il reviendra à titre de conseil et consul de France. Il possède des terres fertiles, des maisons, des femmes, des serviteurs en grand nombre.
Le texte ramasse des dizaines d’histoires, étalées en désordre dans le temps, racontées souvent par un « je » qui n’est pas toujours la même personne ! Les données historiques et culturelles sont authentiques mais le volume reste une œuvre de fiction difficile à pénétrer. Madagascar reste pour la plupart des Québécois un pays inconnu, dont on ne parle que très rarement ici !