Chanson de la ville silencieuseest le treizième ouvrage d’Olivier Adam, qui a vu plusieurs de ses romans adaptés avec succès au cinéma. La ville de Lisbonne dans laquelle l’héroïne déambule au début du livre ferait un magnifique décor pour un cinéaste tandis que la description montre l’effort de l’auteur pour écrire dans un style recherché : « L’estuaire se déploie en contrebas lacéré de rubans turquoise ». La jeune femme qui s’exprime au « je » est la personne la plus effacée que l’on puisse imaginer, au point que le lecteur ne connaîtra jamais son prénom. Mais son père, le chanteur rock Antoine Schaeffer, a été l’idole des foules.
Alors qu’elle sort de la maison d’édition parisienne où elle travaille, son ami Théo lui montre sur son téléphone une photo floue, qu’il a prise à Lisbonne, d’un chanteur qui ressemble à son père. Or, celui-ci est considéré comme mort après que la police a retrouvé son Alfa Romeo et ses affaires personnelles abandonnées près du Rhône. Néanmoins, sa fille pense qu’il s’est peut-être enfui pour couper les ponts avec son passé. Elle part alors aussitôt pour le Portugal et commence sa quête dès le coucher du soleil dans les ruelles de Lisbonne, s’attardant dans les cafés où les musiciens viennent chanter.
Ce temps sans horaire contraignant est pour cette femme l’occasion de faire un retour sur sa propre vie. Jusqu’à l’âge de huit ans, elle était sous la garde de sa mère, qui ne s’est jamais occupée d’elle. Puis son père a pris le relais ou plutôt l’a confiée aux gardiens de la propriété qu’il avait achetée à la campagne. Tantôt la maison était vide, lorsque le chanteur partait en tournée, tantôt elle était envahie par une foule de musiciens qui buvaient et se droguaient, quand il enregistrait un disque. Puis, un jour, Antoine Schaeffer a décidé de mettre fin à sa carrière, soit parce qu’il ne parvenait plus à composer, soit parce qu’il ne supportait plus le harcèlement des paparazzi et de ses admirateurs. Depuis une quinzaine d’années, il n’avait plus aucun contact avec les médias, vivant de plus en plus reclus. Lorsque sa fille venait le voir, elle le surprenait parlant tout seul, en proie à une dépression qu’elle ne voulait pas identifier.
Olivier Adam se réclame de la chanson à plusieurs niveaux dans ce roman : le titre tout d’abord, qui est emprunté à un album de Dominique A., l’exergue ensuite, composé de quatre vers de Jean-Louis Murat, mais surtout – et c’est là le point le plus intéressant – la structure du livre, qui fait des allers et retours entre le présent et le passé, entre la quête réelle du père et l’essai infructueux pour le comprendre, cela avec des phrases très courtes, parfois nominales, comme un refrain dont l’héroïne ne parvient pas à se débarrasser.
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