En une petite centaine de pages, Danielle Fournier propose une exigeante narration poétique sur la perte et l’abandon, tout en douceur et en simplicité. Autant un hommage nostalgique aux siens qu’un « véritable hymne à la nature », comme annoncé en quatrième de couverture.
En trois courtes nouvelles – ou peut-être sont-ce trois longs poèmes –, l’écrivaine se raconte et raconte aussi sa famille et ses deuils. Dans Celle qui marchait sur la pointe des pieds, il y a tout d’abord « Les veines brûlées », où un « je » prénommé Grâce parle de son père et de son fils, tous deux décédés. Une peine immense. « Une femme aux prunelles lapis-lazuli étendue dans un lit entre son père et son fils, à les porter tous deux sur ses épaules. »
Suit « De même, la neige et la pluie », texte dans lequel « elle » se souvient de sa mère, de la douceur de sa présence, de la douleur de son absence. « Confuse, elle entra dans le blanc, un blanc presque trop blanc, seule, accompagnée de la mémoire de sa mère, des rires échevelés de sa fille insouciante. »
En troisième partie, « Mélancolie » est présenté en guise de synthèse. Le « nous », douloureux et souvent désespéré, envahit tout l’espace et l’apaisement semble difficile. « Nous avons cru que cela passerait. Que le désarroi s’atténuerait. Que l’existence deviendrait plus calme et apaisée au mépris de la misère de l’âme. » Pourtant, en finale, apparaît une lueur d’espoir : « Nous reviendrons du fleuve pour enfin habiter cette maison, la nôtre ».
Poète, romancière et essayiste, la Montréalaise Danielle Fournier détient un doctorat en littérature avec spécialisation en psychanalyse. Elle a obtenu en 1993 le prix Joseph-S.-Stauffer, qui avait reconnu son talent prometteur, en 2003 le prix Alain-Grandbois pour Poèmes perdus en Hongrie et en 2010 le Prix du Gouverneur général du Canada pour Effleurés de lumière.
Danielle Fournier est depuis 2016 directrice de la revue Les écrits, anciennement Les écrits du Canada français.