Dans son plus récent roman, Monique Proulx dit son amour pour Montréal, sa ville d’adoption, et célèbre le courage et la générosité qui y auraient pris racine sous l’impulsion de Jeanne Mance. Roman mystico-philosophique quant à son inspiration, Ce qu’il reste de moi met en parallèle les débuts héroïques de la colonie et l’histoire de personnages d’aujourd’hui qui forment une mosaïque culturelle, reflet des caractéristiques de la ville contemporaine et fruit de « la Folle Aventure » des fondateurs. Sous le masque du personnage-écrivain, Laurel, interrogé à l’émission populaire Silence, on parle, la romancière explicite son intention et la place qu’occupe le personnage historique de Jeanne Mance dans son roman. Mise en abyme qui, ajoutée aux autres, crée une impression de roman gigogne.
La ville contemporaine, ce sont entre autres un Markus Kohen désorienté, qui vient de quitter sa communauté juive hassidique, et sa mère affolée qui le cherche, perdue dans le parc des goyim ; ce sont l’Inuit Charlie Putilik et le Mohawk aveugle Tobi Crow, et aussi Zahir Ramish, le Pachtoune réfugié dans une église, de même que le restaurateur soufi Khaled et sa fille Laila, en cours d’immersion dans la classe de Gaby Bouchard ; ce sont encore la féministe Virginie Hébert, dite sœur Miracle, le sulpicien exorciste père Guillaume, l’écrivain Laurel Bouchard et son père scénariste, Thomas.
Portraits en action qui font voir de Montréal son visage cosmopolite, multiculturel et multiethnique où brûlerait toujours la flamme allumée par Jeanne Mance. Non pas que la métropole québécoise y apparaisse comme la cité idéale, loin de là. C’est la représentation d’une ville vivante, ouverte, mais atteinte aussi, comme toute grande ville cosmopolite, de maux qui témoignent de la souffrance humaine. En effet, Monique Proulx montre de près la solitude, l’exclusion, l’errance, raconte la crise du verglas qui a paralysé la ville ; ces facettes sont autant d’occasions pour illustrer la solidarité et la générosité à l’œuvre. Autant d’occasions pour évoquer l’héritage de Jeanne Mance, cofondatrice de Montréal avec Paul de Chomedey, à la mission desquels elle consacre plusieurs chapitres, tous chapeautés du même titre : « Le bien ne fait pas de bruit ».
Montréal peut se réjouir d’avoir inspiré une grande romancière. Ses personnages fouillés sont de ceux que l’on n’oublie pas.
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