Voilà un témoignage très profond et particulièrement émouvant. Donc vrai. Ces pages réservent de beaux moments d’intimité et d’échanges sur le lien, le sens de la vie, la résurrection, le don, la relativité de l’amour humain, la souffrance. L’auteure, pasteure de son état, parle avec un cœur de mère. Pas de prosélytisme ici, il s’agit simplement d’une femme qui apprend à faire le deuil d’un enfant suicidé. Pour que la vie continue. Alors les références bibliques, disons qu’elles sont presque secondaires. Comme des distorsions légitimes émanant d’une professeure de théologie pratique. Il serait absurde de ne voir en ce carnet de bord qui court sur cinq années qu’un plaidoyer sur la matrice de l’Invisible ; cette sorte de liturgie serait plutôt une balise nécessaire à une reconquête intérieure. Il a fallu plusieurs années à Lytta Basset pour re-connaître la Présence. Elle est croyante.
Reste que le chagrin absolu est un universel laïc.
Ce livre dense est une mise à vie, pas une naissance, une mise au monde d’en Haut, par les gens qui ont trépassé. Aussi ne se lit-il pas intellectuellement. Il entre en soi émotionnellement et organiquement.
Lytta Basset s’est dotée d’une recette pour affronter l’anéantissement. Dans la souffrance infernale, il faut s’obliger à vivre avec les autres. À tout prix. Cette technique des petits gestes salvateurs sauve de l’impasse totale du souffrir « sans ».
Désormais, on peut l’avouer : le deuil va quelque part.