Affirmer ses croyances sans jamais fléchir fut source de persécution en certains lieux et à certaines époques. Avec Brutus, nous voilà au IIe siècle après Jésus-Christ sous le règne de l’empereur Marc-Aurèle, dont la clémence humaniste ne s’étend pas aux chrétiens. Vitalis, chrétien affirmé est patron d’une barge ; il ramène le long du Rhône une bien étrange cargaison : Brutus, un fougueux taureau noir de Camargue. Quel sort les Romains lui réservent-ils ? Nul ne le sait et nul ne s’en soucie, excepté le jeune mousse Florent qui noue avec l’animal un lien de connivence. À Lugdunum, il n’y a pas que Brutus qu’on destine aux arènes : Vitalis est soumis à la torture et meurt en martyr pour n’avoir pas renié son amour du Christ. Par la suite, Florent, dont la foi s’affermit, retrouvera Novellis, le second de la barge, Brutus avec lui. Les comparses rejoindront d’autres croyants dans une fuite où l’esprit de vengeance mais aussi de pitié et de pardon s’entremêlent.
Ode narrée au présent, le présent de ceux qui savent l’avenir incertain, le dernier roman du prolifique Bernard Clavel rend hommage non seulement à ces pêcheurs qui sculptaient des croix, priaient en cachette et jamais ne pliaient tout à fait l’échine, et à leur Dieu, mais aussi à la déité Nature qui abrite, nourrit et parfois trahit.
Question de forme, on peut regretter que la modernité trop familière des dialogues contraste autant avec le lyrisme des descriptions.