Si vous en avez assez des clichés sur la politique étrangère américaine, si vous n’en pouvez plus d’entendre des profanes se prononcer ad nauseum sur le crétinisme avancé de George W. Bush, enfin, si vous souffrez d’une écœurite aiguë de la surexploitation du 11 septembre 2001, vous aimerez l’intelligence et surtout l’humour des chroniques de Philippe Val.
Philippe Val, rédacteur en chef et éditorialiste de Charlie Hebdo, auteur et interprète (un album intitulé Philippe Val paru en octobre 2004), est aussi un essayiste réfléchi, imprévisible, parfois profond, souvent provocateur et jamais pompeux, qu’il cite Platon, paraphrase Étienne de La Boétie, fasse référence à Charles Enderlin ou aux paroles de Charles Trenet. En fait, c’est son éclectisme qui plaît. Qu’il traite de Ronald Reagan, de son génie à travestir le sens du mot libéral après avoir mis « 2 % de la population active en prison » avant de perdre « la tête » et de redevenir « un bébé bouche-estomac-trou-du-cul », ou qu’il nous raconte la fable d’Enron ou l’histoire de l’antisémitisme ou, enfin, qu’il dresse un portrait de Tariq Ramadan, de Louis Ferakhan ou du racisme omniprésent en Corse, Philippe Val maintient verve et humour enrobés dans des phrases assassines. Qu’ils parlent des talibans, qu’on appelle étudiants alors que « la plupart ne savent pas lire », ou qu’ils soulignent qu’au « cœur des manifestations d’aujourd’hui il y a un nombre impressionnant de sympathiques lofteurs qui semblent ignorer que l’histoire humaine remonte au-delà de l’invention du piercing nombrilien… »…, les textes de Val, brefs et débordants d’actualité, se savourent comme des friandises douces-amères destinées à vous faire frémir l’occiput.