Henry Bech, le héros de deux autres livres de John Updike, est de retour. Ce « quasi-roman » (c’est ainsi que l’auteur le désigne) est composé de cinq épisodes, relativement autonomes, de la vie du fameux écrivain new-yorkais. Âgé de soixante-dix ans, Bech est « aux abois », car il a peur de lasser son créateur…
Adulé en République Tchèque, il est pourtant méprisé par une bonne partie de ses concitoyens. Lorsqu’il obtient le Prix Nobel de littérature, le milieu littéraire et le public réagissent violemment. On ne peut pourtant pas lui reprocher d’être vaniteux ou de céder trop facilement aux flatteries. Au contraire, ce personnage tour à tour séducteur et facétieux ne se départit jamais de son humour, de son ironie et de son intégrité dans un monde littéraire en proie aux compromissions et aux querelles d’ego. Le récit du court passage d’Henry Bech à la tête de l’Académie des Quarante, par exemple, est l’un des épisodes les plus burlesques du roman. John Updike livre un portrait décapant d’une assemblée d’artistes sénéscents, cupides et parasites.
En revanche, on découvre un aspect plus sombre de la personnalité de l’écrivain lorsque, mû par une soudaine colère, il assassine un critique littéraire dont il ne supporte plus les commentaires odieux. Au lieu d’être épouvanté par le crime qu’il vient de commettre, Bech récidive et s’adjoint même les services de Robin, sa jeune compagne fascinée par son audace. La conclusion du roman est nettement moins macabre. Invité à recevoir son prix à Stockholm, Bech se tire une nouvelle fois d’une situation fâcheuse par une ultime pirouette…