Qu’est-ce qu’être soi-même ? Voilà la délicate question à laquelle tente de répondre François Flahault, chercheur au CNRS. Rapidement, il s’inscrit en faux par rapport à la conception occidentale de l’individu selon laquelle l’humain se développe par lui-même comme s’il vivait en autarcie. Selon l’auteur, c’est grâce à la conversation qu’un humain développe son identité. François Flahault aborde ainsi la question selon une approche relationnelle : « La piste qui s’ouvre nous montre [ ] que la relation est le champ dans lequel se constitue l’individu et que la coexistence précède l’existence de soi ». Pour élaborer son idée, l’auteur procède à une analyse du dialogue dans sa forme la plus élémentaire, à savoir le conte.
Selon Flahault, le conte est la première forme de dialogue qui est portée à la conscience de l’être humain. Dès son plus jeune âge, un enfant est plongédans l’univers merveilleux mais parfois rude des contes, généralement transmis de façon orale par un aîné. Plusieurs de ces contes ont traversé le temps, se modifiant au passage selon les époques et les cultures, tout en conservant leur caractéristique essentielle, à savoir le périple d’un personnage principal en quête d’affirmation de soi. Parmi les fonctions fondamentales des contes se trouvent également la transmission de certaines valeurs, mais surtout, la possibilité de dialogues intergénérationnels. Finalement, une fois que le jeune a compris l’essence du conte, il peut se l’approprier dans le but de faire le récit de soi, confirmant ainsi sa propre existence auprès des autres.
Après une synthèse des travaux existant sur le phénomène de la conversation, établie à partir des études de certains penseurs européens et nord-américains, l’auteur se lance dans une analyse de plusieurs contes occidentaux, soulevant les symboliques de chacun d’eux.
Un livre qui saura passionner l’amateur de contes et permettra à toute personne s’intéressant à l’analyse sociologique de comprendre la place prédominante de ce type de conversation dans la culture.