Nadine Satiat a dépouillé rigoureusement l’imposante correspondance que Balzac n’a cessé de tenir sa vie durant. Sa méthode consiste visiblement à mettre le lecteur en rapport étroit avec ces écrits : les textes d’accompagnement, lorsqu’ils ne cèdent pas littéralement la place à des extraits d’archives, semblent en être de fidèles paraphrases. En conséquence, nous saurons de la vie du grand écrivain tout ce qu’il en a laissé savoir de son vivant, au hasard de son intense production épistolaire.
L’autre source d’information dont Nadine Satiat tire profit est l’œuvre de l’écrivain, qui nous est partiellement résumée à mesure qu’elle paraissait dans les divers journaux de l’époque. Nous suivons donc Balzac au jour le jour, au sein de ses frénétiques et difficiles seize heures d’écriture quotidiennes destinées à combler (sans y arriver jamais totalement) ses innombrables dettes. Nous aurons droit, de page en page, à force détails : le prix d’une nouvelle robe de chambre, la somme reçue pour la vente d’une de ses œuvres à un journal. Nous ferons somme toute connaissance avec un homme de démesure, prodigue, tant en affaires, pour ses acquisitions matérielles, imprimerie ou objets d’art, qu’en amour.
Malheureusement, cette méthode qui consiste à suivre à la ligne la correspondance de Balzac laisse des vides dans la vie du grand homme, des vides que Nadine Satiat ne vient pas combler. Ainsi, autour de l’agonie de Balzac, rien n’est dit au sujet de sa femme, comme si celle qui fut pourtant le plus important personnage du livre, après Balzac, n’existait plus. Il aurait peut-être fallu exploiter d’autres sources d’information afin de pallier ce manque.
On ne peut cependant qu’admirer et respecter l’entreprise de Nadine Satiat, cette grande fresque balzacienne qui comporte un effort d’écriture et un travail de recherche considérables. L’intrigue qu’elle a su créer fait de Balzac un personnage dont on veut toujours savoir, au fil de notre lecture, quelle brique va lui tomber sur la tête à force d’extravagance et de fougue.