Ce premier recueil d’une nouvelle maison d’édition fondée en 2009 par Carl Bessette et Jean-Sébastien Larouche présente une refonte de trois œuvres de ce dernier, soit : Le pawn-shop de l’enfer (Lanctôt, 1997), Rose et rasoir (Lanctôt, 1998) et Dacnomanie (Lanctôt, 2000). Voici un « livre-choc » en forme de « parole fulgurante », une œuvre qui affronte et confond les contraintes liées à notre condition d’humain. Cette poésie remue et ébranle car elle est très anarchisante et ne laisse point de place au compromis : on pourrait facilement la situer entre celles de Charles Bukowski et de Patrice Desbiens. Également, l’écriture est revisitée dans le désir de la transformer en parole, en slam poésie, en une probable fougue scénique. Les éditions de l’Écrou souhaitent, en effet, mettre en évidence l’effervescence et la vivacité de la scène poétique parlée québécoise : les « lectures-performances » seront donc au premier plan. Imaginons seulement l’impact en paroles crues des vers suivants : « [J’]me pète la gueule / à essayer d’comprendre / faut quèqu’un pour me descendre ».
S’en prenant à nos « fosses-réalités », le poète-anarchiste n’accorde aucun pardon au regard des illusions de toutes sortes qui tentent sottement de remodeler un univers jugé morcelé, de refaçonner des identités perçues comme incertaines. Tout, en fait, semble être placé sous le signe de l’incertitude ‘ sauf, peut-être, l’assurance d’une solide écriture… qui explore sans fioritures l’inquiétude propre au non-avenir d’une génération X. Le poète considère qu’elle a carrément été jetée aux ordures ! La poésie, en ce cas, peut-elle la sauver ? La rédemption serait-elle présente dans l’acte poétique ?
Toujours est-il que Larouche met ‘ trop lucidement ? ‘ les points sur les i lorsqu’il lance : « [J’]en ai ma claque / de toujours penser / caché… / On est des springs sous tension / maudit qu’on pourrait être mieux / mais crisse que ça servirait à rien ».