Ce court récit, composé par celui qui allait plus tard devenir le vingt-septième premier ministre du Québec, date approximativement de 1944, alors que son auteur n’avait que 21 ans. Personne n’en connaissait l’existence lorsqu’on découvrit – en 1996 – ce manuscrit autographe, signé et authentifié, discrètement mentionné dans la correspondance de jeunesse de René Lévesque (1922-1987).
Aux quatre vents raconte en termes allégoriques le passage de la vie à la mort d’un homme, en relatant sa rencontre avec la personnification des quatre vents. Les dialogues qui en découlent permettent de méditer sur le sort de certains disparus – autrefois célèbres – et d’évoquer la mémoire de quelques valeureux pionniers de notre histoire, trop vite oubliés : Pierre-Esprit Radisson, René-Robert Cavelier de La Salle, Samuel de Champlain.
On reconnaît ici la spontanéité et le style d’une œuvre de jeunesse, pour ne pas dire de débutant. Pourtant, l’intérêt de cette fable spirituelle, au-delà de son potentiel scénique, se trouve dans la pertinence des thèmes abordés, surtout lorsqu’on connaît le destin de ce jeune dramaturge : nostalgie des origines, amour de la patrie, doute quant à l’existence de Dieu, angoisse face à la mort. L’écriture est belle et convient au genre du théâtre radiophonique. Dans la dernière moitié, on pense à certaines situations de l’Auberge des morts subites, pièce de Félix Leclerc, pourtant écrite vingt ans après ce récit inédit. Une version d’Aux quatre vents a été radiodiffusée par Radio-Canada en novembre 1999, avec une distribution de prestige (Louise Forestier, Michel Rivard, Claude Léveillé, entre autres).