Maryse Rouy capte l’intérêt des lecteurs en empruntant à l’histoire du Moyen Âge le cadre spatio-temporel de ses fictions. Comme dans l’un de ses précédents romans, Les bourgeois de Minerve, elle situe l’action d’Au nom de Compostelle à l’époque de l’Inquisition, alors que plane l’ombre d’une justice expéditive des plus cruelles. Les personnages sont des pèlerins partis en caravane de Montpellier, un matin de l’été 1240, sur le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle. Sous la cape de bure et le chapeau à larges bords des jacquaires, se dissimulent des hommes et des femmes de conditions différentes, mus par des intérêts pas toujours catholiques. En effet, la plupart ont quelque chose à cacher. Aussi, discrétion et suspicion se tiennent toutes deux la main, car chacun est vu comme espion ou délateur potentiel. Gare à qui aura percé un secret, même sans l’avoir cherché. C’est qu’on ne badine pas avec LA QUESTION du tribunal de l’Inquisition. Mais voilà qu’un matin l’on retrouve le corps d’un pèlerin égorgé, le ventre lacéré. Les uns y voient l’œuvre du loup-garou, l’incarnation du diable – le thème de la bête maléfique revient dans le récit du troubadour Court-les-chemins, de passage à l’hôtellerie du monastère qui accueille la caravane. Les autres, ainsi que le supérieur du monastère qui conduira, en vain, une enquête, croient plutôt à un homicide. D’autres crimes secoueront la caravane, entraînant des interprétations parfois étonnantes.
Maryse Rouy ne ménage pas les éléments de suspense, autant de prétextes à l’évocation des croyances, faits historiques, us et coutumes du XIIIe siècle. Quant à ses pointes d’humour habilement dirigées, elles témoignent plutôt d’une vision contemporaine du pouvoir religieux à l’époque médiévale. Il reste que le réel intérêt de ce roman tient surtout à l’information historique bien vulgarisée, car l’intrigue « policière » insiste trop souvent sur les apparences – trompeuses, comme il se doit – pour qu’un lecteur le moindrement expérimenté s’y laisse prendre.