Vivre, voyager, aller changer deux ou trois petits trucs dans le monde, partir faire sa marque, si petite soit-elle, pourvu que ce soit la sienne, et qu’elle s’inscrive là où on a soi-même choisi de la faire, là où personne ne s’y attend ; rouler sur d’autres routes, découvrir, rêver, exploiter son pouvoir de création, laisser s’exprimer sa spiritualité, son génie individuel, celui qui fait si peur à tout le monde parce qu’il caractérise, qu’il est le lieu de toutes les différences.
Voilà ce que m’a inspiré la lecture de la pièce de théâtre de Jean-Frédéric Messier, Au moment de sa disparition. Je vous raconte. Dave et JF, les personnages principaux, sont frères. L’aîné, Dave, 25 ans, effectue un retour sur le passé et nous parle de JF, son petit frère, un marginal, à la limite de l’inadaptation sociale.
JF est parti un jour pour faire un voyage, sans destination réelle, à bord de la Grosse Bertha, une Dodge Econoline 1986. Avec lui, une fantomatique amie, Soyal, aussi imprécise que la destination. Le but de l’aventure : faire un reportage vidéo avec la caméra subtilisée à son grand frère cinéaste avant le départ.
En échange et un peu pour excuser son geste, JF fait une promesse : il va tenir Dave au courant des développements de son périple en lui envoyant des cassettes vidéo pour que lui, le grand frère talentueux, fasse un film à partir des images.
Au terme du voyage, Bertha a été retrouvée calcinée, les boîtiers de cassettes sont revenus annotés mais sans films, on n’a jamais su si Soyal avait existé, et JF n’est jamais revenu, disparu quelque part dans le désert de l’Arizona.
Cela n’empêche pas Dave de l’aimer plus que tout au monde et de le considérer comme la seule personne qui ait jamais détenu la vérité, envers et contre l’avis de tous.