Après un recueil de poèmes, Dans le vertige des corps, pour lequel elle a obtenu, en 1999, le Prix Félix-Leclerc lors du Festival international de la poésie, Anne Peyrouse publie, toujours au Loup de Gouttière, Au-delà des murs.
Les onze nouvelles et contes du recueil présentent une galerie de « portraits singuliers » comme l’indique l’éditeur, avec justesse, en quatrième de couverture. Rien de banal dans ces textes ‘ à moins que la violence, la folie, l’angoisse, la haine, l’étrangeté soient désormais des réalités quotidiennes, ordinaires. Il y a, par exemple, Marc, enfoncé dans sa folie, que sa sœur vient visiter tous les mois à l’hôpital (« Du coke et des cigarettes ») ; Évelyne qui, toutes les nuits, appelle son père pour lui lancer sa haine au visage (« Il est minuit, Évelyne ») ; Virginia qui ne peut pardonner à ses filles la mort de leur plus jeune sœur, sourde, qu’elles étaient censées surveiller (« Le pas du chat ») ; Isabelle, abusée par le conjoint de sa mère (« Douze ans et soudain ») ; l’itinérant tourmenté par un vieil amour déçu (« Au-delà des murs ») ; ou encore l’homme violent aux meurtres gratuits de « L’aile rompue des étoiles ».
Chacun des textes du recueil dérange. Réunis, ils créent un univers sombre aux frontières de l’absurde encore plus déconcertant, avec un langage poétique qui semble en accentuer la noirceur et l’étrangeté. Une écriture particulière, un recueil qu’on a avantage à lire à petites doses.